6月07日 - L'université

Premier jour de boulot et donc premier jour à l'université.
J'ai pédalé dix bonnes minutes sous la pluie avant d'arriver à l'université. Des centaines de deux roues étaient dans le garage à vélo, rien à voir avec ce qu'on peut trouver en France.





Il y avait beaucoup de monde dans l'université, chacun avait un parapluie, la moitié d'entre eux était transparents.
Je me suis un peu perdu dans les couloirs et je suis arrivé juste à 10h, l'heure à laquelle Kensuke m'a dit qu'on commençait. Je pensais que c'était très limite, mais de nombreux étudiants sont arrivés bien après moi dans la matinée.

Arrivé dans le bon couloir du bon bâtiment, au troisième niveau (le deuxième étage est numéroté 3), je ne savais pas où était le bureau de Kensuke. Je ne pouvais pas non plus trouver son nom qui était écrit en Kanjis sur une des nombreuses portes.
Dans un japonais approximatif, j'ai demandé à deux étudiants qui passaient par là où était son bureau. Ils ont commencé à m'y emmener avant que j'aie fini de poser ma question (en japonais, le sujet est généralement fen début de phrase).

Kensuke faisait bien moins jeune maintenant qu'il était habillé en costume-cravate. Il m'a aussitôt accompagné à la porte d'en face, où était la salle de ses étudiants.
Ils devaient être quatre ou cinq présents. Habillés plutôt normalement, un peu comme des étudiants français en fait. L'un d'eux, Naoki, était en short et tongs. Il avait beau pleuvoir, il faisait chaud. Dans l'université, il y avait beaucoup d'étudiants qui se promenaient tout le temps en tongs ou en Crocs.

Kensuke m'a présenté en anglais et les a laissé faire de même. Les premiers mots étaient vraiment difficiles à sortir. On sentait le manque d'habitude. L'un deux a même paru désespéré de devoir se présenter en anglais quand on lui a demandé.
Ils se sont présentés à l'occidentale. Yūki avait un bandage à la main et m'a donc tendu la gauche. Un autre n'ayant apparemment pas l'habitude de serrer la main m'a aussi tendu la gauche.

J'ai donc rencontré Naoki et ses tongs, Yūki et son bandage à la main, Nabe, qui avaient un masque de chirurgien et qui est rentré chez lui peu après. Ils avaient tous 21 ans, en 4ème année, comme moi.
Il y avait un ou deux graduate student, en bac+5. Yasui avait l'air très sympa, avec une tête toute ronde, des lunettes et une chemise. J'ai aussi noté les noms de Saku et Taku, sans me rappeler à qui ils correspondaient 5min après.

Kensuke m'a laissé faire un peu plus connaissance avec eux et est parti. Yūki et Naoki étaient les plus intéressés, me posaient plein de questions et étaient très bavards, dans la limite de leur anglais bien sûr. Les infos n'allaient donc pas très vite.
Yūki m'a expliqué que son bandage était à cause d'une blessure en Volley.
Ils m'ont demandé si j'avais une petite amie puis m'ont dit que Stéphanie est un prénom américain(??) très connu au Japon. Ils le prononçaient d'ailleurs pas trop mal malgré le "Sté".
Ils étaient tous très gentils, m'intégrant très rapidement. Ils m'ont même proposé d'aller jouer au Volley avec eux en fin de semaine.

Kensuke — ou plutôt Nishioka-sensei, comme tout le monde l'appelle ici — est venu me chercher pour me présenter à l'administration de la fac de sciences. On en a profité pour donner des papiers manquants. Il m'a notamment présenté à la dame qui — m'a-t'il dit — a fait beaucoup pour que je puisse faire mon stage ici. Elle s'est occupée de mon statut à l’université, du logement, de traduire la convention en Japonais, etc.

En revenant dans la salle de ses étudiants, il m'a donné un exemplaire de sa thèse, pour que j'en apprenne un peu sur le photovoltaïque. Elle traitait de Evaluation and Optimisation of Super High Efficiency Triple-Junction Solar Cells for Advanced Concentrator Photovoltaic Systems. Les autres étudiants étaient impressionnés et m'ont demandé si je pouvais vraiment lire ce document en anglais. Ils sont nombreux à être venus voir la chose. Au moins, j'étais prévenu dès le début en ce qui concerne le niveau d'anglais.

Avec Naoki et Yūki, nous sommes allés dans un petit "restaurant" dépendant du self de l'université. Les autres avaient tous un bentō.
J'ai commandé un Katsudon, que j'avais déjà pu apprécier en France. C'est un bol de riz avec du porc pané et de l'œuf. En accompagnement, j'avais quelques petits légumes inconnus et une soupe miso.
Ils m'ont félicité pour mon maniement des baguettes et nous avons continué à faire connaissance. J'ai remarqué qu'ici, il n'y a jamais de serviette pour s'essuyer la bouche. Ils doivent peut-être faire sans-faute pendant tout le repas. Je me suis contenté de mes mouchoirs.

Au moment de payer, j'ai vu que Yūki avait l'air de bien connaitre une des serveuses. En effet, c'était sa voisine, le fils de cette dame était un bon ami de Yūki. Elle ressemblait un peu au cliché de la mère japonaise qui est toujours gentille et souriante. On ne voyait presque pas ses yeux. Le mari de sa fille est américain, elle m'a dit deux trois mots en anglais, c'était sympa.

En sortant, le parapluie de Yūki avait disparu, ça n'avait pas l'air de beaucoup le déranger. Il me semble que les parapluies sont un peu un bien publique ici, on peut en prendre un où on en a besoin, de toute façon il y en a plus que de gens sous la pluie.
Il ne pleuvait plus beaucoup, et pourtant, tout le monde se déplaçait bien à l'abri. Les Japonais doivent être allergiques à la pluie. Il y avait des bacs partout, et des dizaines de parapluies dedans. Ils étaient étonnés que ça ne me dérange pas de marcher 50m sous une pluie fine.

Dans l'après-midi, Naoki et Yūki m'ont proposé de monter sur le plus haut toit de l'université, pour voir le paysage et les installations de panneaux solaires. La vue était impressionnante, les montagnes étaient proches et bien imposantes. De l'autre côté, on voyait la plaine s'étendre à au moins 10km. Au loin, il y avait la grande tour d'un hôtel de l'autre côté de la ville. L'océan, à environ 5km, était un peu plus proche, on distinguait ses grosses vagues pour surfeurs.

De retour dans la salle, Yasui était en train d'afficher une feuille sur la porte. Il y avait un tableau où étaient notés des noms en Kanji. En bas, il y avait "yoana".
À l'entrée de chaque labo, il y a un tableau avec des aimants dessus. Les lignes correspondent au nom des personnes et les colonnes à l'endroit où ils sont. On peut y lire présent dans la salle, dans l'université, parti manger, à l'extérieur, à la maison, à la recherche d'un boulot, etc.
J'ai donc dit à Yasui que c'était Yoann et pas yoana, et qu'il pouvait écrire mon nom en katakana s'il voulait. Il avait l'air rassuré et est parti le réimprimer. J'ai donc eu droit à ma ligne "ヨアン" et à un aimant.


Alors que je piquais un peu du nez à cause du repas et du décalage horaire (c'était l'heure de se lever en france), Nishioka-sensei m'a appelé pour me présenter son chef.
Il était plutôt âgé et assez petit. Comme tous les autres, il m'a donné sa carte de visite. J'ai bien fait attention à la prendre à deux mains, comme j'avais lu qu'il fallait faire. Je lui ai dit quelques mots en japonais, il m'a donc demandé si je parlais la langue. Nishioka-sensei a poursuivi sur un "chotto, chotto" (un petit peu). Ce monsieur avait l'air très content de pouvoir pratiquer son anglais avec moi. Comme d'autres avant lui, il a dit que j'étais très jeune en apprenant que j'avais 21ans. Je ne sais pas si c'est parce que je fais plus vieux ou si ça fait jeune pour partir au Japon. Il m'a aussi demandé quelle taille je faisais. Cette fois, il m'a dit que j'étais très grand. C'est vrai que les Japonais sont globalement bien plus petits que les Français.

Naoki m'a donné un drôle de petit gâteau japonais qui ne me mettait pas trop en confiance. J'ai trouvé que c'était le bon moment pour offrir ma boîte de chocolats Jeff de Bruges. Naoki et Yūki l'ont ouvert ensemble. Ils étaient vraiment très impressionnés, sortant des "Sugoiiii" et "Suguèè" (variante locale de sugoi) sans arrêt. Ils ont pris plein de photos de la boîte et ont affiché au mur le dépliant détaillant la liste des chocolats.
C'était très drôle, ils avaient l'air plus excités que des enfants de quatre ans à Noël.

En fin d'après midi, Naoki m'a demandé si ça ne me dérangeait pas qu'on dine tôt (vers 18h30), parce qu'il avait baito ce soir. Il travaillais dans un Onsen, à quelques kilomètres d'ici. Ne sachant pas avec qui manger, ça m'arrangeait bien.

Il m'a présenté Sawa, sa petite copine qui faisait des études de musique, chant, opéra, piano, etc. Toute contente, elle m'a sorti quelques mots en français, "comment ça va ?", "ça va bien", "bonne-jour", etc.
Comme tous les autres, elle m'a félicité pour mon maniement des baguettes. Je pense que les Japonais ont de gros préjugés sur les aptitudes des Occidentaux avec les baguettes.
Ne maitrisant pas l'anglais, elle m'a parlé par l'intermédiaire de Naoki. Elle m'a appris qu'elle allait en France en novembre, elle aimerait voir un opéra et l'Arc de triomphe (qui semble très populaire au Japon).
Quelques-uns de leurs amis sont venus nous rejoindre.
Nous sommes ensuite retournés au labo. J'ai pris mes affaires et je suis rentré.

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